Catégorie : 365 matins

  • 126.

    Tous les murs ici sont blancs, et malgré les photos qu’on y accroche, les babioles qui s’en détachent, rien ne vient briser cette virginité éclatante qui me frappe, parfois, comme un symptôme. On voudrait construire des choses mais on n’a même pas le courage de repeindre un mur, de prendre des risques. Je verrais bien…

  • 103.

    À qui tu penses, quand c’est moi que tu étreins et mon regard que tu fuis ? Quelle est cette autre qui te hante, alors qu’en moi tu vas et viens, sans être tout à fait ici ? Cela fait si longtemps qu’on s’épouse et se confond, je te connais par cœur et je ressens…

  • 101.

    À un âge encore un peu trop tendre pour tout cela, elle scrutait sa garde-robe, désespérée à l’idée de ne rien trouver d’assez noir pour un enterrement. Qu’importait qu’elle n’ait jamais vu le disparu, ce n’était pas lui qu’elle pleurait, c’était son fils qu’il fallait épauler, aussi maladroitement que possible. Un fils qui était son…

  • 100.

    Le printemps éclot chaque année au moment où on ne l’espérait plus vraiment. On s’était habitué, aux grosses mailles, aux nuits éternelles et aux frissons du chaud et froid, à se battre avec les thermostats, à guetter une neige qui n’arrive pas. Et d’un coup, le soleil redevient ce copain qui parle un peu trop…

  • 99.

    J’ai vu trois amies sur le quai du métro, elles s’attiraient l’une à l’autre pour se faire la bise, elles étaient jeunes comme on l’a tous un jour été. D’un coup d’un seul je me suis sentie à leur opposé, sur l’autre pôle, je n’étais plus vraiment de leur côté de la barrière. Avec ma…

  • 71.

    Depuis tant d’années que je le côtoie, je le connais par cœur. Ses moindres recoins, son odeur, la texture de ta peau qui s’altère légèrement selon que mes doigts courent sur ton bras ou sur ton ventre. Ce corps qui t’appartient, dans lequel tu vis, parfois j’ai le sentiment qu’il est aussi un peu mien.…

  • 59.

    Sa peau est sèche et ses doigts bleus, le froid qui l’a gercée continue de souffler son haleine gelée au dehors. À l’intérieur il fait beau, il fait chaud, sous un pull à grosse maille elle frissonne pourtant. Elle la sent, sous la douceur du mohair, cette peau de croco, les crevasses sur ses lèvres…

  • 44.

    Les portes du métro s’ouvrent et ils s’engouffrent, une petite main brune dans une grande main un peu ridée, aux ongles rongés, dans la rame presque vide. Un petit garçon, en passe de devenir grand, mais encore la bouche béante d’au moins trois dents manquantes, lève de grands yeux brillants vers le visage un peu…

  • 41.

    Les livres s’empilent sur toutes les surfaces planes, le temps les saupoudre d’une fine couche de poussière qu’elle vient réveiller parfois, pour les toucher, les retourner, en lire la quatrième de couverture, en respirer l’odeur de papier blanc ou bien jauni, et les reposer. Parfois elle en sélectionne un pour l’accompagner, du réveil jusqu’au coucher…