Auteur/autrice : Pauline Harmange

  • 71.

    Depuis tant d’années que je le côtoie, je le connais par cœur. Ses moindres recoins, son odeur, la texture de ta peau qui s’altère légèrement selon que mes doigts courent sur ton bras ou sur ton ventre. Ce corps qui t’appartient, dans lequel tu vis, parfois j’ai le sentiment qu’il est aussi un peu mien.…

  • 59.

    Sa peau est sèche et ses doigts bleus, le froid qui l’a gercée continue de souffler son haleine gelée au dehors. À l’intérieur il fait beau, il fait chaud, sous un pull à grosse maille elle frissonne pourtant. Elle la sent, sous la douceur du mohair, cette peau de croco, les crevasses sur ses lèvres…

  • 44.

    Les portes du métro s’ouvrent et ils s’engouffrent, une petite main brune dans une grande main un peu ridée, aux ongles rongés, dans la rame presque vide. Un petit garçon, en passe de devenir grand, mais encore la bouche béante d’au moins trois dents manquantes, lève de grands yeux brillants vers le visage un peu…

  • 41.

    Les livres s’empilent sur toutes les surfaces planes, le temps les saupoudre d’une fine couche de poussière qu’elle vient réveiller parfois, pour les toucher, les retourner, en lire la quatrième de couverture, en respirer l’odeur de papier blanc ou bien jauni, et les reposer. Parfois elle en sélectionne un pour l’accompagner, du réveil jusqu’au coucher…

  • Le luxe du temps long, épisode 2

    Il y a presque trois ans, déjà je m’interrogeais sur le néant, sur ne rien faire, j’avais écrit sur un tableau, découpé dans des magazines de lifestyle, que j’aimerais « Retrouver le luxe du temps long », je n’imaginais pas combien cette phrase me poursuivrait, me hanterait presque. Elle s’ajoute à ma collection de petits mantras, à…

  • 38.

    Dans la salle d’attente, je me demande d’où viennent ces gens, voûtés sur leurs sièges comme je le suis aussi. Sûrement malades, au moins un peu, ils ont les visages vides des gens de passage. Où iront-ils quand ils sortiront du cabinet ? Au travail, à la maison, à l’école ? J’imagine que comme moi,…

  • 35.

    En ce moment je trouve la vie un peu violente. Je voudrais biendes matinskumquats et thé noirà l’infini.

  • 34.

    D’un coup, remonter à la surface. Quand j’étais petite c’était mon moment préféré, quand j’avais la tête sous l’eau, dans la piscine du camping. Le moment où le sommet du crâne brise la lame chlorée, où les oreilles se vident, où le monde et tout son bruit, toute son énergie, se jettent à nouveau contre…

  • 28.

    Miettes Ils partagent les écouteurs, la tête penchée l’un vers l’autre, et ils se balancent au rythme de la même musique. Ils partagent un Balisto, ils se font des grimaces dans la glace. Ils s’aiment. Il y a des miettes dans son écharpe, et des mèches un peu rousses qui tombent devant ses yeux, elle…