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Jโai vingt-quatre ans et quelques jours et depuis presque un an dรฉjร , je les vois qui se multiplient, des filaments dโargent, comme des toiles dโaraignรฉes dans ma chevelure si sombre. Ils sont marrants, ces cheveux blancs, ils sont diffรฉrents. Plus fins que les autres, les normaux, les jeunes encore bruns, moins frisรฉs aussi. Comme sโil y avait de moi deux facettes, bien visibles maintenant.
Je les aime dโune drรดle de maniรจre. Je me questionne sur leur prรฉsence : est-ce normal, ร mรชme pas un quart de siรจcle, dโen avoir autant ? Est-ce que cโest le signe que je suis trop stressรฉe, trop triste ? Est-ce que cโest rรฉversible, est-ce que dans quelques annรฉes je rรฉaliserai quโils sont venus puis repartis ?
Je les guette et les scrute dans le miroir, je parle dโeux souvent, ils me hantent un peu, halo blanc scintillant autour de lโimplantation de mes cheveux, encadrant mon visage. Alors je suis obligรฉe de prรฉciser que je ne les dรฉteste pas, que je ne veux pas les cacher, les teindre et oublier cette รฉtrange mรฉtamorphose. Cโest cette รฉtrangetรฉ qui me fascine, mโinterroge.
Jโaimerais presque quโils arrivent un peu plus vite, en plus grandes pompes. Quโenfin mes cheveux aient quelque chose dโintรฉressant ร dire, eux toujours trop ternes et trop indomptables pour envoyer un vrai message. รtre entiรจrement grisonnante ร vingt-cinq ans, รงa aurait de la gueule.
Et peut-รชtre quโils disent quand mรชme quelque chose de moi que je nโapprรฉhende pas encore tout ร fait. Que je suis un peu plus sage que je veux bien le croire. Un peu plus aguerrie que jโai envie de le penser. Ou alors que je suis une sorciรจre, une vraie.
Jโaime mes cheveux blancs comme jโaime mon anniversaire. Avec beaucoup dโimpatience et une pointe dโapprรฉhension. Tout รงa me rappelle ร la question qui se pose en sourdine. ยซ Que nous rรฉserve lโavenir ? ยป
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