Troisième jour ici et mon humeur oscille avec la couleur du ciel. Matin bleu, après-midi gris, il y a quelques heures au milieu où j’irais bien m’allonger sur l’asphalte, à la place je vais m’allonger dans mon lit. Mon lit dans ma chambre d’adolescente aux murs criards, à la fenêtre qui perce le toit et donne vue, quand on est couchée, directement sur l’immensité striée des lignes électriques. Il pleut, il fait soleil. Je suis seule drapée dans mes affres, mais je suis entourée de gens qui m’aiment.
Mes projets gisent abandonnés, ou plutôt laissés de côté. Articles, livre, velléités. J’adore ce mot, velléités. Dans ma boîte mail je relis et je chéris les mots doux des femmes de ma vie, qui m’envoient du soutien dont je ressens la force comme si j’étais au centre d’une toile très douce tissée très serrée. Le soir je m’endors enveloppée de l’affection tendre d’adolescents de treize ans qui n’ont pas encore peur de dire à leur vieille grande sœur qu’ils l’aiment, ni de lui faire des câlins. Mieux même, ils les réclament. Dans le creux de la nuit je prie pour qu’ils n’aient jamais peur.
Je fais de la peinture, des cookies, des bougies. Je referme un très beau livre, doré dehors comme dedans, avec un soupir à la fois content d’avoir été nourrie, et attristé d’être arrivée au bout. Je me demande si un jour quelqu’un ressentira la même chose en lisant mes livres à moi. Je me demande si un jour quelqu’un lira mes livres à moi. Je vacille, entre vanité cocasse et doute pénétrant. Je n’écris pas. (Enfin, là maintenant, si, mais punaise que c’est dur d’ailleurs.)
Les mots roulent dans mon crâne et je les goûte sans les avaler, c’est un drôle de ballet que de les voir rester à l’état de peut-être.
J’espère qu’il fera soleil quand je rentrerai.
Laisser un commentaire