C‘est le titre d’une chanson de Francis Cabrel. Vous savez peut-être combien j’aime Francis Cabrel, je ne sais pas s’il est nécessaire qu’on s’étende sur le sujet… C’est le mois de la naissance de mes tout petits frères, ce qui vont bientôt avoir 12 ans. (aïe) C’est le mois où l’automne s’installe, chaque année on retrouve l’envie de s’enrouler dans des plaids — les nôtres font le bonheur d’Eleven, qui y laisse l’intégralité de son poil d’été —, on a de nouveau envie, en vrac, de banana bread, de cannelle, de thés, de soirées à la lueur des bougies, de gros pulls en maille.
Ce matin, le réveil a sonné à 9 heures, comme tous les matins. Mais ce matin je l’ai reprogrammé, pour qu’il me laisse dormir une heure supplémentaire. Je m’étais targuée, au début, d’être une lève-tôt et de ne pas m’embourber dans un quotidien de chômeuse où je ne distinguerais plus le jour de la nuit. Mais cette semaine, je suis fatiguée. Syndrome pré-menstruel, douleurs chroniques, insomnie. Je m’autorise une heure de rab’, personne n’en meurt. C’est bon de s’en rendre compte.
Je me cuisine un petit-déjeuner plein de fruits d’automne, que je mange debout, en étendant la lessive que j’ai eu la flemme de sortir de la machine hier. Et puis le téléphone sonne, je décroche d’une main, cale le combiné contre mon oreille, je continue à m’affairer, sans voir que le temps passe, ni que j’ai fini par mettre le haut-parleur et à me balader de pièce en pièce avec le téléphone à la main, pour le poser là où il gênerait le moins.
Je finis par m’assoir en tailleur devant le meuble blanc du salon, qui n’a jamais eu d’autre nom. Chaque année pendant des mois, les babioles inutiles s’y accumulent, et chaque année en fin d’été, je prends le temps de faire le tri. Cette année c’est encore une autre histoire, parce que je commence à entretenir une vendetta personnelle contre ce meuble. Comme s’il cristallisait tout ce qui m’emmerde de ma vie, il symbolise mon immobilise, il me rappelle que je n’ai pas beaucoup changé depuis qu’il est arrivé dans ma vie, il me nargue presque, il m’agace. Alors le trier, le ranger, le dépoussiérer, c’était un peu comme prendre soin de ce qui me fait rager chez moi. Accepter que tout ne peut pas bouger aussi vite qu’on le souhaite, et que ce n’est pas forcément si grave que ça, tant que tout fonctionne.
Je dépoussière aussi les feuilles de la nouvelle plante que j’ai achetée hier, et qui n’a pas encore de nom. Je rempote le bébé cactus aussi, pour lui donner une chance de devenir un grand cactus. C’est la première fois que j’ai un cactus chez moi, le dernier en date, dans ma chambre d’adolescente, était mort de déshydratation, avant d’être croqué par le chien. Je mets la nouvelle plante en hauteur, loin des crocs du chat.
Enfin je raccroche, on en avait des choses à se dire. Je file sous la douche — il est largement temps d’enfiler de vrais vêtements — et je retourne en cuisine, où je n’ai plus beaucoup de temps pour sauver les épinards en fin de vie. Ils vieillissent comme la mâche, deviennent un peu gluants (c’est dégoûtant), je me demande s’ils font partie de la même famille (apparemment non). Je confectionne alors mes premières lasagnes, je pensais que ce serait plus difficile, mais en fait je m’amuse beaucoup et je songe à combien ce sera agréable, ce soir, de n’avoir qu’à glisser le plat au four. On pourrait peut-être même regarder un épisode en plus, si on s’y prend bien. Ou juste s’extasier plus longtemps sur la chance qu’on a. Au choix, d’avoir un chat si mignon, ou d’être si bien tous les deux. Une fois les lasagnes mises au frigo, je m’attèle au banana bread. L’odeur embaume tout l’appartement.
Alors, seulement, et il est presque 16h30, je m’assois et j’ouvre ce livre que j’ai recommencé il y a une semaine. C’est une belle journée, un joli premier octobre. Il pleut mais il y a aussi un grand soleil. Le chat se prélasse, évidemment.
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