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41.
Les livres sโempilent sur toutes les surfaces planes, le temps les saupoudre dโune fine couche de poussiรจre quโelle vient rรฉveiller parfois, pour les toucher, les retourner, en lire la quatriรจme de couverture, en respirer lโodeur de papier blanc ou bien jauni, et les reposer. Parfois elle en sรฉlectionne un pour lโaccompagner, du rรฉveil jusquโau coucher dans son sac ร main dorรฉ, sans jamais รชtre ouvert. Mais le plus souvent les piles restent les mรชmes, ne font que grandir, se dรฉplacer, des monuments permanents qui font partie intรฉgrante du paysage domestique.
Le matin maintenant, elle noue ses cheveux quelque part dans sa nuque, elle allonge ses cils et sโentoure dโun nuage de parfum poudrรฉ quโelle imagine la suivre, dans un sillage quโelle aimerait tracer dans la ville. Ce serait incroyable, non, dโimprimer sa trace olfactive au sein de lโenchevรชtrement complexe, laid et puant quโest la ville.
Le soir elle est dรฉconnectรฉe, mais seulement dโelle-mรชme. Ses jambes lourdes, ses yeux fatiguรฉs, son estomac rempli ne semblent plus vraiment lui appartenir, et รงa la travaille au corps, cette sensation de nโรชtre pas une territoire unifiรฉ. Il y a cette matรฉrialitรฉ pesante qui la tire vers le bas, et lโesprit dโune autre part, toujours en alerte, qui grille tous les circuits dans un mouvement fou pour aller toujours plus vite. Les รฉcrans clignotent et attirent une attention quโelle nโarrive plus ร diriger vers lโintรฉrieur โ elle nโa dโyeux que pour le dehors. Mรชme sโil est complexe, laid et puant.
Le temps vient ร manquer, ร bout de souffle quand elle se glisse entre les draps elle sโen rend bien compte, lโhorloge est cassรฉe, tout part ร vau-lโeau. Il faudrait ralentir la course et pouvoir respirer, dans une bulle dโair pur et de voluptรฉ, il faudrait tout effacer, recommencer, rรฉapprendre le sens de la vie et retrouver le sens des prioritรฉs. Elle aimerait bien lire ร nouveau.
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