Elle entre dans la salle 129 et le silence se fait. Elle fait partie de ces gens dont l’aura et la prestance sont presque invraisemblables. Ceux dont on ne sait pas si on va les aimer ou les détester, mais comme d’excellents romans ou des films palmés à Cannes, ils ne laissent personne indifférent. Elle est impressionnante, parce qu’elle est furieusement sûre d’elle. Chaque mot qu’elle prononce est choisi avec soin et délivre un impact précisément étudié pour marquer les esprits. Ses cheveux grisonnant sont retenus en une queue de cheval nonchalante et elle arpente la pièce d’un pas large et conquérant. Elle est présente, tout simplement. Et au-delà de son assurance, au-delà de ses compétences, c’est la force de sa passion qui s’imprime en moi comme un tampon.
Elle commence son cours par une phrase de Victor Hugo. « Le mot, qu’on se le dise, est un être vivant. » Et dans sa bouche, ça semble plus vrai que jamais, c’est une vérité qu’on vient à nouveau de me révéler, un cadeau précieux. Quand elle raconte le pouvoir des mots et les mille manières possibles de les mêler pour les faire entrer dans les mémoires, c’est comme si tout se mettait en mouvement. Oui, elle rend les mots vivants.
Le silence autour d’elle est rempli de ces mots qui bourdonnent soudainement de leur propre importance. Elle parle de l’acte d’écriture, du processus créatif, de comment raconter une histoire et même si elle et moi ne parlons pas des mêmes histoires, et même si je devrais l’écouter, prendre des notes et ne pas rêvasser bêtement, c’est plus fort que moi. C’est à mes propres histoires que je pense en noircissant les pages de mon écriture illisible pour tout le monde sauf pour moi. J’espère que si elle repère mon insolence, si elle remarque ma négligence, elle me pardonnera.
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