Le privilège de la solitude, c’est mesurer mon silence. C’est n’ouvrir pas la bouche, si ce n’est pour parler au chat — et son roucoulement en réponse n’a rien d’une obligation à faire la conversation. C’est écouter le vent bruisser dans les feuilles gorgées de soleil, entendre les voisins s’affairer trop loin pour pouvoir déceler l’objet de leurs agitations. Je fais le moins de bruit possible en reposant mon verre, en faisant la vaisselle, et alors j’entends les oiseaux chanter. Il y en a peu, ils sont précieux, en ville, ces moments où le silence est si grand. Téléphone coupé, bien entendu, ordinateur fermé. Il fait chaud, le silence est lourd d’or et de très peu de vêtements, lourd de torpeurs ensommeillées, de citronnades glacées, d’enfants, sous d’autres toits, qui font un bruit que je n’entends pas.
Demain la solitude sera différente. Elle aura le goût d’un lundi, alors pour bien travailler, pour me motiver, j’y mettrai de la musique et je parlerai encore plus au chat. La solitude du dimanche a ceci d’indicible qu’elle est ponctuée de grands riens, de choses qui n’ont aucune importance, et le silence parmi ces choses rend le bonheur mille fois plus grand. Il résonne même sous les bas plafonds, il tintinnabule entre les framboises en devenir, il m’attend. Je pars le retenir.
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