Depuis ce matin, j’ouvre la page « Nouvel article » et je la referme, je ne sais pas trop quoi vous raconter et pourtant j’en ressens le besoin. J’aurais des choses à vous dire, en fait, mais ce serait vachement compliqué, ça me demanderait de prendre trop de pincettes et d’avoir trop peur et de devoir trop réfléchir, alors sachez juste ceci : en ce moment, je vis une période vraiment difficile. Du coup j’ai envie de vous raconter des jolies choses.
Jeudi, j’étais dans une salle de concert avec ma toute petite sœur qui est déjà si grande, et on continuait notre belle tradition d’aller voir ensemble au moins un concert par an. C’était Brigitte, ce duo de meufs incroyable qui me tue à chaque nouvel album. Elles ont commencé leur concert en chantant Palladium, et là. Je ne sais pas si ça vous a déjà fait ça, moi ça me le fait souvent, d’entendre une chanson mille fois, de la connaître par cœur et de la chanter quand on fait la vaisselle, et puis la mille et unième fois, ses paroles te percutent en pleine tronche et revêtent un tout nouveau sens.
Comme toujours ça passera
Ça va ça vient, ça s’en va
Dans deux ans on en rira,
Toi et moi
J’étais au gradin Z, tout en haut, avec ma toute petite sœur à côté de moi, et j’ai senti tout mon corps s’effondrer des milliers de larmes que je retenais depuis trop longtemps, parce que j’aime bien faire la fière. (et aussi parce que, parfois, les larmes ne sortent pas) Je n’avais jamais pleuré comme ça. Et ma sœur me serrait fort le bras, elle chantait en chœur avec ma voix pleine de morve, on faisait bien la paire, tiens.
Après ça, le concert a forcément eu une ambiance mystique complètement folle, moi qui suis dans une ambiance Halloween et qui viens de lire Sorcières, le dernier bouquin de Mona Chollet, je me suis dit wow quel sabbat. Un gang de femmes de tous les âges (accompagnées de quelques mecs pas très nombreux) venues applaudir deux putains de sorcières. Ensorcelantes, Aurélie et Sylvie, dans leurs robes blanches avec leurs déhanchés, leurs voix suaves et aigües, leurs trémolos. Après ces larmes cathartiques des 30 premières secondes, j’ai flotté.
À la fin, les Brigitte sont descendues de scène pour venir se planter au cœur de la fosse vibrante d’une énergie que j’ai rarement vue en concert, et elles ont chanté Palladium à nouveau, à capella. Quand tout le public a repris le refrain d’une seule voix, croyez-moi et ça vient d’une fille qui a fait du catéchisme, c’était la plus forte des communions.
C’est pas la peine d’être exemplaire
Je sais, on s’ra pas les dernières
C’était difficile de redescendre de mon nuage en sortant de la grosse boîte de conserve qui nous tient lieu de Zénith, à Lille. J’étais redevenue puissante, au moins le temps d’une soirée. Et comme à chaque fois j’avais redécouvert qu’on peut être puissante et pleurer, qu’on peut être belle et badass, et j’ai vraiment bien dormi ce soir-là.
J’en ai profité pour bénir toutes les femmes de ma vie, à la L5, parce qu’en ce moment j’ai besoin d’elles, et elles répondent toutes à l’appel. Mes meufs sûres, mes préférées, mes appuis mes piliers. Pour bénir aussi celles qui, comme Brigitte, n’ont aucune idée de combien elles m’inspirent, de combien elles m’aident à tenir debout, et qui pourtant participent à l’édifice de la femme que je suis.
Et du coup, on est dimanche, il est 23h, et il est clairement temps d’aller dormir. Peut-être en priant très fort, en récitant trois fois, en conjurant le sort, pour que dans deux ans on en rira, vous et moi.
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